Jean Louis Borloo s'adresse aux Radicaux

Publié le par Parti Radical 63

Chers amis radicaux,

 

Depuis que je suis membre du Parti Radical, je n’ai jamais cessé de me poser une seule question : comment défendre au mieux les valeurs, les idées et les intérêts de notre famille alors que notre pays traverse l’une des plus graves crises de son histoire ? Une crise qui, comme chacun sait, n’est pas que financière, mais économique, politique et morale.

 

À partir de 2002, j’ai défendu, avec d’autres, notre identité au sein du Gouvernement. C’est en m’inspirant de nos prédécesseurs et de notre tradition, que j’ai bâti une nouvelle méthode fondée sur le rassemblement des forces vives de la Nation autour d’objectifs communs. Celle-ci a permis d’élaborer et de mettre en œuvre le plan de rénovation urbaine, le plan de cohésion sociale, le Grenelle de l’Environnement, avec les résultats que l’on connaît : rénovation totale des 450 quartiers sensibles, baisse du chômage de 10,2% à 7,7% en trois ans, relance massive de la construction de logements, y compris des logements sociaux, accélération de la mutation écologique. Dans ces combats, j’ai toujours pu compter sur votre soutien, sur votre fidélité et sur votre amitié. Ce bilan est donc aussi le vôtre, celui du Parti Radical.

 

En 2002, nous avons été nombreux à croire, en toute honnêteté, à la création d’un grand parti de la droite et du centre sur le modèle de la CDU allemande. Nous avons cru de bonne foi, qu’il était possible de peser de l’intérieur sur les grandes orientations du parti présidentiel. Nous avons également appelé, il y a un an, à un puissant virage social autour de nos valeurs humanistes. Cet appel, hélas, n’a pas été entendu, créant au sein de l’UMP, un profond déséquilibre et suscitant chez nous, un réel malaise. Dès lors le choix était simple : se soumettre et disparaître ou reprendre notre indépendance pour exister.

Le 14 mai 2011, vous avez été 93% à choisir l’indépendance pour créer, avec d’autres, une nouvelle alliance républicaine, écologiste et sociale. Comme je l’ai toujours dit, cette alliance s’inscrit résolument dans la durée et a vocation à devenir, un jour, majoritaire au Parlement. Certains d’entre vous m’ont également encouragé à me présenter à l’élection présidentielle. Je les ai entendus. J’ai quitté le Gouvernement et je me suis préparé longuement, méthodiquement, avec honnêteté et avec rigueur. Je leur ai donné rendez-vous à l’automne, conscient que notre pays allait connaître de profonds bouleversements durant l’été.

 

Quelle est la situation aujourd’hui ? Quelle est mon analyse ? Tout d’abord, force est de constater que la dynamique des centres ne s’est pas créée : ni sur le projet, ni sur les hommes. Les raisons en sont multiples : manque de temps, malentendus, incompréhensions. J’en prends, évidemment, ma part de responsabilité. Sans cette dynamique, je ne vois pas comment une candidature centriste peut prétendre accéder au second tour et l’emporter. Je reste néanmoins convaincu que la France a besoin d’une grande formation humaniste et laïque, profondément européenne, assumant pleinement la diversité de notre pays. Les radicaux ont naturellement vocation à en assumer le leadership.

 

Par ailleurs, la France, comme le reste du monde, fait face à une crise sans précédent suscitant un sentiment de crainte, de repli sur soi et de peur. Elle favorise également le développement de mesures simplistes, la recherche de bouc émissaires et le populisme. S’y ajoute un climat de suspicion généralisé lié à un interminable feuilleton judiciaire qui n’épargne aucune institution. Le risque populiste, en France comme en Europe, est réel. Et je ne veux pas faire courir ce risque aux Français. Je ne souhaite pas, non plus, que certains tiennent les radicaux pour responsables d’une situation à laquelle ils sont totalement étrangers. Comme bon nombre de nos prédécesseurs je pense avoir le sens de l’Etat et être un honnête homme.

 

Je sais que ma décision en décevra certains. Je comprends leur déception et partage leur amertume. Il aurait été bien plus facile de profiter des difficultés de la majorité, et notamment de la défaite au Sénat, pour exister et nous démarquer. Mais, c’est une lecture trop rapide et superficielle. J’     assume mes responsabilités. Je voudrais également  rassurer mes amis : je n’ai rien demandé, rien négocié et surtout rien abandonné de nos convictions. Le combat pour une France humaniste ne fait que commencer. Ce combat est le nôtre et comme au début du 20ème siècle, la France a besoin de nous, de notre audace, de notre tradition d’ouverture et de notre culture du consensus. Oui, nous allons nous battre. Nous allons nous battre contre les tentations de repli, le rejet de l’autre, la recherche de boucs émissaires, et l’intolérance. Et puis, nous allons nous battre pour accélérer la recomposition du paysage politique français autour d’une grande famille humaniste et laïque. Cela a déjà commencé. En témoignent les dernières élections sénatoriales où les candidats centristes ont nettement mieux résisté que ceux issus des rangs de la majorité. Il y aura, en juin 2012, de nombreux candidats qui porteront les couleurs radicales et de l’Alliance.

 

Chers amis radicaux, en raison de notre histoire, nous avons l’habitude des choix difficiles. Nous les avons toujours effectués en conscience, en vérité et en responsabilité, en évitant le double écueil de la facilité périlleuse et du confort coupable. Nous avons toujours choisi la voie de la raison au sein d’un paysage politique sujet à des passions violentes et contraires. C’est la voie que j’ai choisie. C’est celle que je vous propose.

 

 

Jean-Louis Borloo

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